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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 17:56

Il s'agissait d'un vieux livre poussiéreux en assez piteux état bien que tout a fait lisible encore qui se révéla être une oeuvre hybride : journal intime renfermant des feuilles volantes jaunies par le temps et roussies par le feu, vraisemblablement plus anciennes que l'ouvrage qui les accueillait. Parmi elles se cotoyaient des textes présentant un latin rédigé à la plume, suivant la calligraphie gothique de l'ancien temps, et des notes nombreuses et denses qui pouvaient passer pour une traduction sommaire accompagnée de brefs commentaires.
Il convient de préciser que l'écriture du journal, à la calligraphie appliquée et plaisante, tranchait avec la graphie minuscule, oblique et, pour tout dire, difficilement lisible des notes présentes dans les feuilles volantes.


Un coup d'oeil rapide jeté sur les premières pages nous apprit que le journal avait appartenu à Margaret Dence, la servante de Ken Charles West, ancêtre de mon ami qui avait, parait-il, été considéré en son temps comme un excentrique notoire et assez peu sociable. Les passages en latin étaient tirés d'une oeuvre unique dont nous trouvâmes assez vite le titre, Necronomicon, ainsi que le nom de l'auteur, Abdul Alhazred. Jeunes et innocents que nous étions alors, nous ignorions alors tout de cet ouvrage maudit, malheur que cela n'ait pas continué!

Je dois dire que l'agitation qui transportait mon ami lorsqu'il me montra l'ensemble ne manqua pas de m'inquiéter car il me semblait en plus fâcheux état que moi, qui pourtant transpirait dans mon lit quelques heures plus tôt. Toutefois, je mis cet énervement sur le compte de cette inhabituelle découverte, qui était d'autant plus propre à l'influencer que Ken Lester West était une âme sensible, facilement impressionnable et presque autant passionnée par l'histoire (plus particulièrement par la généalogie) que par l'informatique.



Nous nous attaquâmes aussitôt à un examen attentif et rigoureux de l'ouvrage. Nous fûmes très rapidement frappés par le caractère décousu et difficilement compréhensible des écrits de Margaret Dence. Autant le début témoignait de la parfaite lucidité de son auteur, narrant les débuts de la jeune fille comme servante auprès de l'ancêtre de Ken, autant la suite du récit devenait de plus en plus délirante, au point que l'on eût cru que la jeune fille avait contracté quelque maladie nerveuse ou mentale dégénérescente.

Cependant, après un mûr examen, nous fûmes amenés à penser que cette pauvre fille n'était peut-être pas aussi folle que ses écrits le laissait paraître de prime abord. Plus nous avancions dans le récit et plus nous nous rendions compte que les rumeurs qui couraient sur le caractère pour le moins étrange et inquiétant de l'aieul de mon ami n'était sans doute pas dépourvues de tout fondement.


En effet, l'une des premières choses qu'il ordonna à la pauvre Margaret fut de porter en permanence, et ce même devant des invités (ce qui ne manquait pas de la plonger dans le plus grand désarroi et de la couvrir de honte), de fausses oreilles de chats.

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