En ce moment, je manque un peu de temps pour faire des articles longs et fréquents, je recours donc à ce bon vieux stratagème des miscellanées courtes du genre "un peu de". Aujourd'hui, du latin.On sait ce qu'est le droit de veto : par exemple, dans le cadre de l'ONU, la capacité qu'ont les heureux détenteurs d'un siège permanent au Conseil de Sécurité à bloquer les résolutions et initiatives des autres pays pour des motifs toujours plus pertinent :
-"Adopter une mention qui condamne les mines anti-personnelles? Mais vous n'y pensez pas mon pauvre ami, alors que nos soldats s'amusent tellement avec ça! Vous devriez les voir quand une nouvelle cargaison arrive, de vrai gamins!"
-"Sanctionner Israël pour l'occupation des territoires palestiniens, l'érection du mur de sécurité, les emprisonnements arbitraires, les morts suspects, le contrôle des voie de communications et le blocus économique qui maintient la bande de Gaza dans un état de misère avancée? Boah, tout le monde sait bien que les Palestiniens sont tous des terroristes, c'est génétique, que voulez-vous! Et puis...je ne vous cacherai pas que le parti actuellement au pouvoir est financé à 50% par le lobby pro-israélien..."
-"Comment ça, vous voulez adopter une mention interdisant de manger des enfants kosovars? Je ne vois pas en quoi ça vous gêne! En plus, si on commence à interdire ça, on finira par interdire de violer les femmes tchétchènes, on n'aura plus le droit de rien faire!".
-ou encore "Sanctionner Khartoum pour son implication dans les massacres du Darfour? C'est que, voyez-vous, notre président à une magnifique résidence secondaire dans la banlieue de cette ville et il craint qu'accepter ce genre de sanction serait parfaitement contre-productif et risquerait de lui interdire l'accès au club de golf privé du président local, club de golf de haut standing je peux vous l'assurer."
Bref, le veto peut parfois apparaître comme la forme policée ou l'adaptation en droit international du doigt d'honneur ou de l'expression "J'emmerde le monde entier et je l'assume", ce qui peut donner ce genre de scène :
Siège de l'ONU, New-York, 11h02 heure locale, réunion du Conseil de Sécurité. Les représentants des Cinq sont attablés, les traits tirés par le stress et le manque de sommeil (apparence constituant une condition primordiale pour accéder à de ce genre de responsabilité, même lorsqu'ils sont sereins et ont bien dormi, la maquilleuse s'arrange alors pour leur donner une tête de déterré de bon aloi). L'un d'eux prend la parole :
-"Bien, je propose que nous étudions l'éventualité de sanctionner de façon concrète et efficace le Youkaidistan qui vient d'envahir son petit voisin dans le but annoncé de lui prendre "son gaz, son pétrole et ses chèvres". Nous pourrions passer à un vote qui..."
A ce moment là, l'intervenant voit un autre délégué s'éventer avec un petit carton rouge portant l'inscription veto, tout en lui adressant un clin d'oeil et un large sourire de provocation pure. L'intervenant, après avoir poussé un profond soupir et ôté toute conviction de sa voix, termine sa phrase:
"A un vote, disais-je, qui pourra déboucher sur un communiqué du Conseil condamnant fermement cette intervention contraire à tous les principes qui font la fierté de notre institution. Je propose en conséquence de leur adresser un message bref et fort comme "Voler des chèvres, c'est mal.".
Mais si j'ai commencé ce message au départ, c'est pour vous parler de l'étymologie du mot veto. Il vient du verbe latin "veto, as, are : s'opposer". Littéralement, veto veut donc dire "je m'oppose" en latin. (Je m'aperçois que de court, c'est devenu un peu plus long que prévu, bah, je ferais mieux la prochaine fois).
Source : n'importe quel bon dictionnaire latin-français, au hasard le Gaffiot.