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14 juillet 2009 2 14 /07 /juillet /2009 14:17

Suite de Hardboiled. Episodes précédents ici



Une nouvelle musique s'enclenche.





Une pirouette, un petit pas de danse et me voilà assis sur une chaise à agripper le col de la belle affalée au sol pour lui susurrer des mots doux:

"Alors beauté, on va parler sérieusement maintenant. Ce sont les Corses qui t'envoient?
-Mais! comment avez-vous su?! gémit-il en essayant en vain de se relever.
-La moustache, petit, la moustache. Bon, met-toi à table, pourquoi tu venais me voir?
-On voulait savoir ce que vous saviez pour la valise.
-ça tombe bien, je voulais vous poser la même question : y'avait quoi là-dedans?
-Je sais pas, seul le Boss le savait, et Joe je suppose.
-Manque de pot, le dernier Nécro-toubib est parti pour l'asile y'a trois ans: Joe aura du mal à me rencarder, et tu n'as pas envie que je sois obligé de faire le déplacement jusqu'à ton patron. Va me falloir du plus concret petit.
-C'est tout ce que je sais, j'vous jure!

Tss, ça m'apporte pas grand chose tout ça. Je lui envoie une dose de mon vaporisateur, réglé au maximum, mode "Las Vegas Parano ultra plus", en guise de souvenir. Il s'affole, ce qui est somme toute normal :
-Eh? C'est quoi ça?
-Une solution concentrée de champis hallucinogènes génétiquement modifiés vaporisée au moyen d'un petit bijoux de technologie dépénalisé y'a deux mois. Tu vas peut-être rêver que tu t'accouples avec des poulpes géants, et que tu as un cor de chasse à la place de la tête mais ça partira dans douze heures et ne laisse normalement pas de séquelles. Dis à ton boss que j'aime pas être emmerdé et qu'il devrait trouver de meilleurs comédiens, ou même de vraies femmes."


Ce gus-là m'a donné envie de sortir. Je le fous dehors et enjambe sa carcasse délirante pour descendre les escaliers. Une fois en bas, je comprend à ses hurlements que des octopodes roses vifs dansent la rumba avec ses roubignolles.

Je franchis la porte de mon immeuble en m'émerveillant sur les constants progrès opérés par l'industrie de l'armement non-létal.








Piétiner à domicile et me défouler sur un travesti m'avait appris une chose : il fallait que je retrouve les réflexes de l'enquête de terrain. Il était impératif que je réveille mes pauvres neurones abrutis par l'écran et les grasses matinées, que je redonne à mes cinq sens l'acuité féline qu'ils possédaient du temps où j'étais l'élite de l'élite des connard inquisitoriaux. Pour ça, une seule solution : nourrir mon esprit de l'expérience passée, abreuver mon corps des sensations d'antan...Je suis dehors.


Trois heures plus tôt, le char divin d'Hélios conduit par Phaeton le Resplendissant dardait ses rayons de feu sur les humbles touristes qui comprenaient seulement alors ce que peut ressentir une côte d'agneau cuite à l'étouffée. Ils comprenaient aussi pourquoi les rares autochtones qu'ils croisaient longeaient les quelques murs ombragés de la ville avec plus de talent qu'une blatte photo-allergique.

En revanche, maintenant, Hélios a foutu une rouste à son fils et entrepris de retourner se coucher pour la peine. L'air est doux, embaumé par les brises vespérales qui caressent les branches des pins et des micocouliers.

Je lisse mes cheveux, rajuste mon costume, sors mes ray-ban et souris.

Je sais où aller.



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