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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 20:11

J'ai remarqué que bon nombre de scénaristes (de livres, de BDs ou de films) se laissent aller -sans doute motivés par le naturel désir de vendre en recourant à tous les moyens mis à leur disposition, c'est à dire surtout les plus bassement racoleurs- à des facilités impardonnables qui enlèvent tout crédits à des oeuvres qui sans cela eussent pu être jugées comme tout à fait honorables.

Par souci d'une générosité qui nous honore autant que par l'agacement dans lequel nous plonge immanquablement ce genre d'aberrations scénaristiques, nous allons entreprendre de les définir afin de permettre aux futurs scénaristes qui nous lisent de faire attention à l'avenir et de mourir le ventre vide mais l'honneur sauf.


Voici donc, en exclusivité, la règles des Interdits Scénaristiques, dit aussi règle des 5 "Pas". (ou Rules of the 5 "No" parce que l'anglais est la langue maîtresse de l'Internet, surtout on ce qui concerne les règles) Cependant, comme je souffre, parait-il, d'un sérieux penchant à la digression et à l'étalage ( (bien que je ne comprenne pas trop pourquoi; d'ailleurs, ça me rappelle cette nuit passée sur le Mont Chauve avec une certaine Marguerite : marguerite, ma fille, lui ai-je alors dit, il est temps de te marier et ton balai est trop petit, et voilà ce que la donzelle me répondit...), nous allons commencer doucement en parlant seulement du Premier Interdit Scénaristique, aussi appelé: "Pourquoi Goethe n'a rien inventé?" ou encore "Mais qu'est-ce que le terrible pirate Roberts vient foutre là-dedans?".

 

Premier Interdit Scénaristique (oui je met des majuscules partout, ça fait plus solennel):

Pas d'extraterrestres:

 

 


Les extraterrestres en tant que potentiels protagonistes des histoires de sciences fictions n'ont rien de choquants car, pour instructives qu'elles soient, il faut bien admettre que les aventures trépidantes de Bernard le trou noir et de Nina la Supernova risquent de ne pas rencontrer l'adhésion d'un public rendu exigeant par quelques décennies de croissance effectuée sous l'égide de personnalités douteuses telles que George Lucas, Frank Herbert ou même -que le diable me pardonne- Alejandro Jodorowski.
Cependant, dès lors qu'on essaye de les introduire dans une histoire se passant sur terre et, plus grave, à une époque égale ou antérieure à la nôtre, les extraterrestres deviennent une abomination haïe de tous ceux qui aiment le Beau et le Bien, c'est-à-dire le derniers recours du scénariste dépourvu de cette qualité essentielle nommée imagination et pressé par ses éditeurs de rendre son travail dans les 24h.


Pour mieux comprendre ce travers scénaristique, autant en raconter l'origine, et cette histoire est justement celle d'un scénariste (ou plutôt d'un créateur de fiction soyons évasifs histoire de mieux rester dans le vague).


Le pauvre homme, poussé dans ses derniers retranchements, est sommé de trouver une explication à la suite d'invraisemblances accumulées au fil des pages, des pressions éditoriales antérieures et des rails de mauvaise coke. L'esprit troublé par le stress, le manque de sommeil et le désespoir, cet homme misérable donc croit trouver une solution -qui lui semble sans doute génial laissons-lui ce crédit- en allant ouvrir un coffre que lui avait laissé son ancien mentor (un vieil homme paternaliste et -donc- moustachu, qui juste avant de mourir, lui avait laissé l'objet en lui faisant promettre de ne jamais l'ouvrir sous peine de laisser déferler sur le monde de la fiction un mal suprême et sans nom dont le souvenir le hanterait jusqu'à la fin de ses jours).

Désespéré je l'ai dit, l'auteur de fiction oublie ces sages recommandations, va ouvrir ledit coffre et y trouve, tranquillement endormie, une créature n'ayant l'apparence de rien de connu, à l'origine inimaginable mais venant sans doute des profondeurs abyssales du fin fond de l'univers. Avant que l'humain ne puisse réagir, la bestiole se réveille, se jette à son visage puis s'installe en lui. Parasité, l'homme se met soudain à entendre des voix et à voir des images dans sa tête formant bientôt un synopsis de scénario.

Inquiet (et qui ne le serait pas) face à ce phénomène aussi étrange qu'inattendu, notre héros se méfie, doute, tergiverse, imaginant bien que derrière ces voix inspiratrices se cache une muse des plus étrange et malveillante (soulignons tout de même la perspicacité -ainsi que la solidité mentale- du jeune auteur qui vient de servir d'hôte involontaire à une bestiole cauchemardesque et inconnue venant sans doute des profondeurs...enfin bref).
Il lutte contre cette tentatrice d'une nouvelle sorte jusqu'à ce que les coups de fils successifs de l'avocat de son éditeurs, de son agent puis de son créancier-dealer-conseiller, l'affable autant que respecté Gros Tony (faisant par ailleurs les meilleurs pizzas de tout Little Italy), le décide à céder à ces ténébreuses promesses de gloires et de scenarii faciles.

Le lendemains, c'est tout joyeux qu'il envoie un scénario dûment terminé et signé. Aussi étonnant que cela paraisse, cela marche et notre jeune auteur de fiction connaît un succès mondial. Hélas, nul succès n'est gratuit et il se rend bientôt compte de l'importance du rôle joué par la créature et du prix à payer : tout le monde de la fiction est bientôt corrompu par son oeuvre démoniaque. Son hôte pond à tout va des enfants qui vont contaminer d'autres scénaristes, qui vont recréer des histoires reprenant un peu celle du premier mais-en-moins-bien-évidemment.
Et c'est pourquoi les mauvaises histoires d'extraterrestres se sont maintenant répandues sans entrave en corrompant le monde de la fiction.


L'identité du jeune auteur est encore le sujet de nombreuses discussions entre spécialistes. Les noms de Steven Spielberg, Ed Wood ou encore le mystérieux Mr. Roswell sont parmi les plus fréquemment cités. Notons cependant que Woody Allen ou le terrible pirate Bartholomew Roberts sont également des personnalités jugés crédibles. D'aucuns assurent encore que cette histoire n'est qu'une stupide légende. Quoiqu'il en soit, il y a une morale à en tirer et je vous la dis, ami lecteur, et ne l'oubliez jamais, jeune scénariste.

Cette morale, la voilà:  Ne. Mettez. Pas. D'extraterrestres.
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