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13 septembre 2008 6 13 /09 /septembre /2008 00:46
Il y a peu, j'ai encore entendu une personne -tout à fait respectable par ailleurs, saine de corps comme d'esprit- annoncer avec l'aplomb de la plus parfaite bonne fois qu'elle avait aimé le Bram Stoker's Dracula (Dracula en français) de Francis Ford Coppola. Je vais expliquer dans cette page pourquoi c'est une incommensurable erreur.


D'abord, c'est mal fait. Il suffit de regarder les maigres couches de ces brumes bleuâtre (que l'on trouve parfois lorsque vient la saison si attendue des vacances, de la plage, des vergers en fruits et des sons et lumières qui fleurissent un peu partout dans les charmants petits villages des campagnes française) ramper dans ce qui est censée être une forêt transylvaine pour se dire que le film commence mal.
Bon (se dit le spectateur magnanime aimant conjointement Coppola, les vampires et, accordons-le lui, Keanu Reeves), le film est vieux, on ne peut pas exiger les effets spéciaux de nos jours de révolutions technologiques permanentes, c'est vrai que dans les années 70 c'était pas encore ça (même si Keanu Reeves semble bien jeune pour les années 70, mais pour sauver son film le spectateur magnanime est prêt à passer l'éponge sur un banal paradoxe temporel).
Cependant, par acquis de conscience, parce que quand même Keanu Reeves a beau paraître jeune, la magnanime spectateur à du mal à croire qu'il puisse être né en même temps que ses propres parents, le magnanime spectateur regarde la date de sortie du film et aperçoit avec horreur un 1992 écrit en tout chiffre. Premier choc, le magnanime spectateur est ébranlé.

Mais pour l'instant l'affaire n'est pas bien grave: il continue. Il y a des costumes, une forêt, un inquiétant château des Carpates, donc tout va plutôt bien. Le naïf Jonathan Harker/ Keanu Reeves arrive devant la grande porte de la sombre demeure de son client, qui s'ouvre bientôt pour laisser apparaître ledit client, c'est à dire le comte Dracula en personne.
Le lecteur magnanime attendait cette scène, imaginant volontiers le comte altier, noble (puisque comte), portant fièrement son accent oriental et son glorieux passé de pourfendeur de musulman, de tyran des Magyars et de terreur des paysans dans un corps certes potentiellement défraîchi par l'âge mais néanmoins porteur de la majesté certaine du vampire maître de son destin et de ces lieux, disant le fameux "Bienvenue dans ma demeure" d'une voix au pittoresque balkanique tout hollywoodien et à l'autorité naturelle que ceux qui ont moins de 400 ans et  n'ont pas la réputation de meilleur empaleur européen de l'histoire moderne ne peuvent pas connaître.

Stupeur : la créature qui s'offre à sa vue est un vieillard (encore, cela, le spectateur peut l'admettre, après tout, on ne passe pas 400 ans hors de -ou à plus forte raison dans- sa tombe sans quelques contrecoups se dit-il fort d'un si brillant raisonnement logique hérité des siècles de développement intellectuel qui ont conduit à l'éclatant triomphe de la Raison et de la Science) décati (donc peu classe) portant (sacrilège du sacrilège) une sorte de coiffure dont la forme, sur le sommet du crane, se résume à deux protubérance capillaires hideuses évoquant irrésistiblement soit une gigantesque paire de testicules, et, de là, via l'immense natte qui pend dans le dos du personnage, un symbole phallique aussi repoussant qu'évident, soit  (si l'on change de point de vu et si l'on se concentre sur la nette raie noire qui sépare lesdites protubérance) un postérieur humanoïde, que l'on qualifiera d'humain ou de simiesque suivant l'humeur du moment et la gentillesse du critique envers le maquilleur en chef (de plus, on le verra, la métaphore filée du singe est étroitement lié au noble hongrois tout au long du film). Deuxième choc.
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