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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 01:00
Katana : épée pour geek. Fait très bien dans le salon, les bandes dessinées et les films. Accéssoirement : sabre utilisé par les samourais. Voir "samourai", "geek", "épée".



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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 00:59

Aujourd'hui, j'entame l'Engeeklopaedia, encyclopédie de mon cru -tournant vaguement autour de l'imaginaire de l'homo sapiens occidental proche de ce que l'on pourrait appeler la culture geek si cette expression avait un quelconque sens bien défini- que je vous offre en exclusivité. Inachevée et livrée avec autant de parcimonie que de désordre, elle pourra aussi être interactive. Tu peux, toi aussi, fidèle lecteur, proposer tes idées de sujets dignes, selon toi, de figurer dans l'Engeeklopédie.


Lettre F:

Fourbe :
Porte une barbiche, les pires d'entre eux ont les doigts crochus (Comme les Orientaux, ce qui explique la mauvaise réputation qui les accompagne souvent sans raison). Proche de l'espèce du serpent, le fourbe aime bien se frotter les mains (ses cousins serpents n'en possédant pas, il en profite) et faire des allitérations en "s" (comme les serpents qui sifflent et susurrent). Cf. "barbiche", "Oriental", "serpent".





NB : les liens renvoyant aux références seront mis à jour au fur et à mesure que les références en question seront publiées.




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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 00:34


Continuons sur la lancée de l'article de Wolverine et parlons encore d'un mythe narratif de la fiction contemporain, ancré dans l'imaginaire de n'importe quel cinéphile contemporain (certes souvent jeune, masculin et adepte des jeux vidéos, cherchant à compenser l'absurdité de sa société et la disparition des antiques idéaux guerriers par le développement d'une culture alternative...hum...particulière).

Je veux bien sûr parler du barbare.

Le barbare c'est le non-grec, le non-latinophone etc. Mais ça c'est pour les historiens et on s'en branle pas mal pour cet article.

Le barbare c'est avant tout le berserker, la brute vêtue de peau de bête déboulant sur des villages de chaume pour violer femmes et troupeau, mais ce n'est pas que cela.

Le barbare c'est surtout devenu un concept narratif, un caractère, qu'on peut retrouver dans n'importe quel rôle de n'importe quelle époque, pour peu qu'il réponde à quelques lois, définies par l'illustre critique O. Peterski dans son ouvrage perdu Smell of the napalm : the myth of the barbarian in the contemporean mass media.

Voici donc pour vous, en exclusivité, les 10 Lois du barbares !



Règle n°1) "Il lui en faut peu pour être heureux" (inspiré de l'adage préféré de celui qui est encore considéré par une bonne part de la critique moderne comme la figure de proue du mouvement barbare dans la fiction occidentale).







Règle n°2)
Le barbare préfère le corps à corps
(plutôt que les frappes orbitales : même en des temps de technologie suffisamment avancée pour permettre les voyages galactiques, le barbare resurgit chez l'homme du futur pour le pousser à foncer en meute affronter des gigantesques monstres à l'aide de pathétiques mitraillettes alors qu'il pourrait les désintégrer en appuyant sur un bouton. Loi également appelée : "le barbare n'aime pas la technologie" ou encore "le barbare est réactionnaire", ndt)







Règle n°3) le barbare n'a pas peur de la mort.








 

Règle n°4) Barbare : plus qu'un hobby, un métier.






Règle n°5) Le barbare méprise la diplomatie





Règle n°6) Le barbare aime son arme.







Règle n°7) Le barbare aime le défi




 
Règle n°8) Le barbare aime la musique classique.







Règle n°9) Le barbare rigole toujours en situation critique.








Règle n°10) Barbare rime avec motard (cette dernière loi a vu son authenticité mise en doute, certains affirmant qu'il s'agirait d'une règle apocryphe rajoutée après la mort de l'auteur, mettant notamment en avant son caractère "peu sérieux"[P. Falschenwörte, Die zehnte Regel des Barbarisch, Bonn, 2002]).

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30 mai 2009 6 30 /05 /mai /2009 22:34


Je profite éhontément de cette non-critique de Wolverine pour me permettre quelques digressions sur la présence de la langue anglaise dans notre belle société. On peste souvent contre l'invasion de l'Anglais, contre la déferlante angl-saxonne, contre cette vile tentative de colonisation rampante par le biais de la culture et de la langue, contre ces borborygmes inventés par les mangeurs de puddings d'outre-Manche (qui nous ont foutu une sacré branlée à Azincourt qui plus est).

Bref, vous l'aurez compris, il y a en France une certaine hostilité à ce qui est vécu comme une insupportable atteinte au saint langage apporté auprès des Muses immortelles par des génies comme Molière, Flaubert et Baudelaire (oui, ça fait beaucoup de [er], je sais, vous savez quoi mettre à la fin de votre pseudonyme si vous aussi voulez devenir un génie de la langue française reposant auprès des Muses immortelles). Parallèlement, ne nous voilons pas les yeux, l'Anglais est dans le vent, tendance, in et fashion. Je ne vous dis rien de nouveau.


Si je profite sans vergogne de la place qui m'est généreusement laissée par moi-même sur mon blog, c'est pour faire remarquer ceci aux défenseurs de la langue française contre l'anglais : parfois (je dis bien parfois), il FAUT laisser l'anglais entrer dans notre culture, en ce qui concerne les noms propres en fait, les noms propres de personnages de fictions en particulier. Souvent, ils veulent dire quelque chose. Et certains ont voulu les traduire.

Ils ont eu tort.

J'en veux pour preuve la tentative de transcription française de Flash Gordon : Guy l'Eclair...Eh...Eh si! Il faut donc reconnaître qu'il y a des mots anglais qui doivent être pris tel quel et ne pas être traduit à l'innocent public.

Prenez Wolverine (car il y a bien un lien avec mon article précédent, eh oui!). Bon, il est velu, il a des griffes, il fait de la moto et il mange du sirop d'érable, bref il est classe. On devine dans son nom la trace de "Wolf", le loup, ça fait sauvage et solitaire, libre et indompté. C'est séduisant.


Essayons maintenant de voir ce que donnerait Wolverine transcrit en français:



-Oh mon dieu, ma petite amie/soeur/femme/les trois à la fois (bien que les directeurs de publication américains, souvent frileux et peu enclins à adopter des schémas narratifs innovants, évitent généralement de tels cas de figure) vient de se faire enlever par le méchant Magneto!
-N'aie crainte, car voici le redouté Glouton qui arrive!
Glouton arrive et sors ses griffes.
-Holà Magneto, ramène toi pour tâter de mes griffes!
-Ciel! Glouton! Tu ne m'auras jamais! ah ah ah (rire sardonique)!
-C'est ce qu'on va voir!

(s'ensuit un combat épique que nous éviterons de rapporter pour ne pas choquer nos plus jeunes lecteurs)

-Oh! Glouton m'a sauvée! Merci Glouton!
-Oui, merci Glouton d'avoir sauvé ma petite amie/soeur/femme/les trois à la fois! Tiens, voici un pot de miel pour te récompenser
-Mouais, de rien, de toute façon, j'avais les griffes qui me démangeait. Et garde ton miel car je ne suis pas un ours, mon nom est Glouton! Et je ne mange que du sirop d'érable! Maintenant il est temps pour moi de repartir sur ma moto, car le Glouton est sauvage et solitaire, libre et indompté!


Morale de l'histoire: ne jamais traduire les noms de personnages de comics.


PS: on peut remplacer glouton par Carcajou (nom spécifiquement nord-américain de cette bébête poilu qui hante les forêt de nos cousins d'outre-Atlantique). Mais je ne sais pas si c'est beaucoup mieux...

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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 12:57

Cette semaine, hop, comme ça, sans prétention, parce que je suis pressé, je vous jette en pâture un article rédigé par votre serviteur pour un petit journal étudiant parisien et dont le contenu me semble approprié pour le présent blog.

voici donc ma non-critique du film de Wolverine:




Tout bon blog comprend des critiques de cinéma. Mais qu'est-ce qui ressemble plus à une critique de film qu'à une autre critique de film, je vous le demande? Surtout quand elle parle du même film! Or votre serviteur refuse de céder à la pression sociale, de participer à la grande messe abrutissante du conformisme collectif, de se fondre dans la masse anonyme des médias aussi dépourvus d'imagination que ce blog l'est de lecteur, ces médias, dis-je, qui, ne reculant devant aucune abjection et bassesse pour faire leur quotas hebdomadaire/quotidien/trimestriel/mensuel (dans le désordre), ont des critiques allant même jusqu'à parler des films récents qu'elles ont vu.


C'est pourquoi, toujours mû par une abnégation sans faille et un dévouement illimité à la cause du Bon, du Beau et du Public, je vais faire, là, tout de suite, devant vos yeux ébahis et émerveillés des grands enfants que vous êtes, une critique d'un film que je n'ai pas vu.

Mais pour garder un lien avec l'actualité, je vais quand même faire une non-critique d'un film sorti plus ou moins récemment, j'ai nommé Wolverine.



Ah! Wolverine! Le plus célèbre représentant du Canada à travers le monde: homme farouche, ode vivante (enfin...fictionnelle) à ces lointaines terres sauvages où l'arbres majestueux et le rusé couguar règnent en maître, fantasmes des motards, représentant de tous les bûcherons d'Amériques du nord, de Québec à Vancouver!
Pourquoi est-il si populaire? Parce que c'est Hugh Jackman qui l'incarne et que les jeunes filles tombent comme des mouches lorsqu'il leur adresse à travers l'écran un de ces regards bleus enflammé d'une passion tranquille qui hurle à leur cerveaux en ébullition "Je t'aurais si je le veux"? Parce que c'est un x-men? Un superhéros? Parce qu'il défend le Bien et l'Occident? Rien de tout cela.


Wolverine est un bon personnage parce que c'est un barbare.


Le barbare peut sauver un film ami lecteur. Le barbare est sympathique. On aime le barbare pas pour ce qu'il fait mais pour ce qu'il est.

Le barbare incarne cette saine philosophie qui consiste à savoir profiter des petits plaisirs simples de l'existence, chose que nous avons trop tendance à oublier, perdus que nous sommes dans l'enfer contemporain et infini de l'Occident consumériste et stressé.

Le barbare nous parle parce qu'il réveille dans l'inconscient collectif ce fantasme enfoui, venu du fond des âges, disant que le bonheur ne se situe pas dans le fait de réussir un examen ou de s'acheter une nouvelle voiture mais dans le sport de plein air, dans les courses à travers mers et forêts pour aller au petit matin tuer nos ennemis, voler leur femmes, manger leur brebis et boire dans leurs cranes (de nos ennemis, pas de leur brebis).

Parfois, au milieu de cette horde de héros sirupeux se ressemblant tous (et pire, nous ressemblant!) et passant leur temps à sauver le monde, coucher avec la jolie blonde qui les accompagne et vaincre le grand méchant (généralement stupide, on se demande comment il a pu devenir une menace pour le monde), nous aimons à voire un héros tuer ses ennemis sans pitié et sucer leur moelle. Pas un sadique non, il y en a trop et ça ne fait pas naturel (en plus, en général, c'est le grand méchant qui fait ça). Juste un héros à l'ancienne mode, qui s'assume et fait ainsi parce que c'est normal. Ulysse massacrant ses prétendants sans leur laisser une chance, Achille traquant Hector, Agamemnon pillant Troie.

Et Wolverine, avec ses griffes en bon adamantine, ses joues mal rasées, ses splendides favoris drus et bestiaux, son caractère bougon, renvoie un peu à cette image-là, l'image d'épinal du "bon barbare", il nous rappelle vaguement cette lignée de héros honnête et primitif fleurant bon la sueur, la testostérone et l'odeur du sang frais au petit-déjeuner.

Il y a des association d'idée comme ça: quand on voit le héros de Twilight, ça donne des subites envies de guimauves et de barbapapa. Quand on voit Wolverine, on a juste envie de courir dans les bois à moitié nu et de boire du sirop d'érable.


Et c'est l'unique raison pour laquelle on aime Wolverine.


Note finale pour Wolverine (sortie le 29 avril en France): AAA.


rappel du barême des non-critiques de moi-même :
A: Boooooooof.
AA: bof oui
AAA: Graouuuuuuuh
AAAA: bof bof bof
AAAAA: bof?
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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 14:48
J'avais pas grand chose : un gus refroidi ayant appartenu aux Corses et qui a juste eu le temps de parler d'Apostoliques et de valise avant d'aller dire bonjour à Charon. Il fallait me replonger dans mes vieilles connaissances.

Je contactai aussitôt mon meilleur indic qui me donna rendez-vous dans un petit cinéma de quartier.


Bob était un petit homme, légèrement voûté et nerveux. Sa robe de bure était discrète et un peu usée. Nous étions assis côte à côte devant un vieux film du siècle dernier. Ruminant des pop-corn, sans m'adresser le moindre coup d'oeil, Robert le Moine, plus connu dans le milieu comme Bobby le Tuyautier, me rencarda sur ce que je voulais savoir:

-Tu vas chercher loin, John. Les Apostoliques sont en pleines croissances. Ils préparent un gros coup.
-Quel genre? Comme en 62, lorsqu'ils ont fait irruption au Concile pour dénoncer le dogme mormon?
-Non John, plus gros, bien plus gros...

Qu'est-ce qui pouvait être plus gros que la tentative de renversement des douze Apôtres réunis en assemblée plénière? Je commençais à sentir des sueurs froides me traverser l'échine.

-Alors quoi Bobby? Ils vont s'allier avec ces crétins de Virginaux? Tenter de remettre en selle leur Pape avec le soutien de l'Hérésie corse? Faire appel aux imprimeries insulaires pour diffuser un pamphlet contre les thèses de Smith et la Perle de Grand prix? C'est pas du neuf!
-Ne plaisante pas John. Dans le milieu, des bruits circulent comme quoi ils s'arment discrètement et augmentent leur puissance économique. Il y a eu un échange de valise avec les Corses mais apparemment quelque chose s'est mal passé. Depuis, tout le monde murmure que la valise qui devait être remis aux Apostoliques se balade dans la nature.
-Qu'est-ce qui s'est mal passé?
-Joe le Tire-laine s'est barré avec la cargaison juste avant la rencontre. Ses anciens potes ont réussi à le retrouver mais la valise avait déjà disparu.
-Et on ne sait pas ce qu'il y avait dedans?
-Que non, et maintenant les paris vont bon train pour savoir qui va mettre la main dessus le premier.




J'ai rien, foutrement rien. Je me suis rouillé. Voilà une heure que je suis devant ma bécane, qui rame comme une charrette sur une route de montagne enneigée. On dirait qu'elle me supplie de l'achever à chaque fois que je fais mine de vouloir lancer une application. Sale vieille carne délabrée cybernétiquement modifiée, me lâche pas maintenant! (le grand avantage apporté par la démocratisation des systèmes de reconnaissance vocale est que maintenant les machines comprennent quand on les insulte).
Il lui faut deux minutes pour changer de pages, deux putains de minutes! Je me prend une poignée de chewing-gum calmant à la nicotine. Ah, enfin! J'ai ce que je veux: les Apostoliques, blablabla, changement de chef il y a deux ans, montée du mouvement de Notre-Dame de la Croix de Combat, déstabilisation de la tendance épiscopale, désormais minoritaires blablabla. La sonnette retentit. Peut pas être tranquille deux secondes. Je hurle un "entrez" retentissant aussi chargé de mauvaise humeur que possible -je n'ai pas trop à me forcer- en espérant que ça dissuadera ce qui est sûrement un pauvre crétin de néo-jéhoviste.


Le logiciel musical de mon portable change de piste:



Et mes sens olfactifs sont submergés par une odeur de Channel n°5. Bon dieu! Soit les jéhovistes ont fait des progrès, soit ce sont vraiment des jambes à rendre jalouse Cyd Charisse qui franchissent la porte de mon bureau, surmontées par une poitrine digne d'une Scarlett Johansson siliconée du porno reconstructiviste. Sa bouche sensuelle arbore une petite moustache que Clark Gable n'aurait pas reniée. Une moustache? Je jette un coup d'oeil rapide à mes chewing-gum, histoire de vérifier que ma femme de ménage ne les a pas encore remplacé par des pilules de crack. Non. Eeeet merde! pourquoi ça n'arrive qu'à moi ce genre de truc? La créature fait mine de parler et me balance son boniment habituel : pauvre fille en détresse, échappé de chez ses parents pour suivre son petit ami, ce dernier a disparu etc. etc. Je lui allonge un uppercut au bas-ventre pour toute réponse et sors mon vaporisateur personnel.

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9 mai 2009 6 09 /05 /mai /2009 22:16

Mon réveil sonne et me décroche un peu de cervelle. Mû par le réflexe quasi-félin et légèrement brouillon que l'homme moderne a développé dans pareille situation, je me jette hors de mon lit et tâtonne fébrilement pour arrêter l'appareil.

Putain.


La journée commence mal, comme toutes les autre en fait. Petit-déjeuner, douche, habits. Chemise, chaussettes, pyjama, non pas pyjama, chemise, cravate? Oh merde! Pas de cravate, tant pis pour le qu'en dira-t-on (doux parfum de contrefaçon de la transgression sans risque du petit matin). Imper. Le temps? coup d'oeil par la fenêtre. Beau temps. Imper? Sors jamais sans mon imper (agréable senteur de la grandeur d'âme de celui qui respecte ses Lois en dépit de toute logique). Feutre. Je sors et met mes écouteurs



 



La rue résonne du rugissement des rares voitures qui circulent, du fracas des charrettes et du trot des chevaux.

Le soleil resplendit et encense l'atmosphère de ses délicats rayons à la chaleur atténuée par la rosée du matin, une douce brise et la fraîcheur de la nuit. Les alouettes chantent en choeur dans le ciel limpide. Je songe aussitôt à profiter de cette belle matinée afin de ressentir la joie ineffable de la caresse conjointe du vent et du soleil sur mon visage.

C'est compter sans ma flemme. Je hèle un fiacre et arrive bientôt dans mon bureau, toujours aussi miteux, avec son coffre-fort aussi vide que la conscience du flic moyen et son sandwich rassis qui me fera office de déjeuner.


Je suis vraiment de mauvais poil.


Le téléphone sonne. Sa forme ramassé et sa sonnerie stridente me rappelle vaguement mon réveil-matin. A contrecœur, je décroche.


"-John Hope à l'appareil.

-Allo? Bonjour, j'appelle car...
-Car vous êtes une jeune femme plantureuse qui vient d'hériter d'une immense fortune et rêve de m'épouser.
-Hein? Quoi? Mais non, je suis...
-Au revoir."

Je raccroche. Et me prend un chewing-gum pour calmer mes nerfs. ça ne suffit pas, je me met donc à tripoter un crayon.





Je casse son dixième frère lorsque la sonnerie retentit. Mon vieux copain nickelé à la main je m'approche de la porte:


"-Si vous êtes un huissier, je vous préviens que je suis armé!

-Fais pas le con, John, c'est moi, Sam.
-Dommage, je me serais bien fait un carton, ça m'aurait défoulé. Entre.
-J'ai l'impression que tu deviens de plus en plus parano.
-C'est pas ma faute si ma voisine appartient aux services secrets Sam.
-C'est une immigrée portugaise qui comprend pas notre langue, John..
-Ta gueule. Je te sers un verre?"


Faire le service m'apaise un peu. Je tend le verre à Sam qui le porte à ses lèvres et fait la grimace de circonstance:


-Aaah! C'est...plutôt une boisson d'homme!

-Thé vert pur sancha, venu tout droit du Japon. A mon avis c'est plutôt fait avec du poil de yack mais bon...Qu'est-ce qui t'amène Sam?
-Une sale histoire. Tu as entendu parler du retour des Apostoliques?
-Comme tout le monde.
-On a entendu parler d'une importante transaction avec les Corses, une histoire de valise. Mais on pense qu'ils ont infiltré l'Inquisition. On a besoin d'un gars indépendant sur ce coup-là.
-Et z'avez pensé à ma pomme? T'as oublié que l'Inquisition m'a viré parce que j'avais buté le Pape?
-Une malheureuse histoire, on ne va pas revenir là-dessus, arrête de tout ramener au passé.
-T'as de la chance que j'aie besoin de payer la pension de mon ex-femme. Balance-moi le topo."



C'était une sacré merde. Et j'avais accepté de plonger dedans. Au moins, j'avais pu raquer Sam de quelques biftons qui allaient me payer mes prochains repas.




PS : je j'ai pas encore totalement décidé de la suite du scénario, ce qui me rend ouvert aux propositions de l'ami lecteur.

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1 mai 2009 5 01 /05 /mai /2009 21:25
Voilà la dernière partie de l'Horreur Jaune, dont on peut trouver l'ensemble ici.



Au moment où je finis la lecture du journal, un cri, mon dieux! un cri à peine humain retentit dans toute la maison, un son plus que guttural, sorti d'une gorge qui ne devrait pas exister, un vacarme qui me fit remettre en question tout ce que j'avais appris sur la physique des sons.



Cela venait indubitablement du grenier. Pressé par l'adrénaline, la curiosité plus forte que ma peur, je gravis les escaliers en toute hâte et commençai à enfoncer la porte du grenier à l'aide de mon épaule.
Heureusement, je n'eus pas à me fatiguer longtemps car je découvris que le loquet n'était pas mis. Faisant irruption dans la pièce, je m'arrêtai aussitôt et reculai d'effroi devant la vision qui s'offrait à mes yeux.

Une créature innomable était sise au milieu d'un pentacle. Sa patte droite, grosse et velue tenait ce qui semblait être les notes de West et de l'Arabe Fou. La gauche était plongée dans un pot de miel. Son torse énorme, musculeux et bestial était recouvert d'un grotesque gilet couleur sang.
Il semblait réciter quelques incantations impies venus de monde situés en-dehors de la mémoire des hommes. Voilà ce que je crus comprendre, pour peu que mes modestes oreilles et mon humble cerveau aient pu fonctionner correctement en ce moment de cauchemar:
"Ya'K'ri am'i'L de stèytt'es imp' pohorr té I'leg' al-mennt purrr ppponè nafl ponè 2 kan'di phtagn kan'di".

Comment décrire ce que je ressentis à ce moment là? Comment transmettre l'impression de pur effroi qui parcourut tout mon corps, le sentiment de voir tout son monde, toutes ses certitudes, tout ce sur quoi on a fondé son équilibre mental vaciller soudain comme sous l'effet d'un fantastique tremblement de terre psychique crée par quelque créature d'apocalypse?


Ma terreur, que je pensais à son comble dès mon entrée dans la pièce, n'en fut que plus infini lorsque je crus comprendre rétrospectivement certains passages du journal de Margaret, lorsque je crus reconnaître dans cette débauche d'onomatopées surnaturelles ce qui pouvait ressembler à l'antique voix de mon ami Ken.
Sous ce faciès absurde et déformé, derrière ce masque jaune et inhumain, malgré des dents voraces et proéminentes, dégoulinantes de miel et de bave, en dépit d'une toison jaune épaisse et rèche, je fus persuadé de distinguer ce qui avait été naguère mon ami Ken Lester West.

Et cette impression me fut confirmé lorsque ses deux yeux démoniaques brillèrent tout d'un coup d'une lueur d'humanité et du bel éclat bleu du jeune homme que j'avais connu.
Ce regard et les tentatives de mots qu'il prononça alors prouvèrent la présence d'un reste d'homme dans cette créature venu des abysses. Je perçus distinctement un ultime appel à l'aide dans ces quelques mots tandis que son regard regardait avec détresse et envie le revolver que je portais à la ceinture, comme la moitié des habitants de la ville.
Et seule la force de la supplication de cette relique d'humanité qui brilla un instant avant de disparaître dans un océan de monstruosité et de folie me donna la force de faire ce que je fis.


Désormais, seul dieu pourra me juger, pour peu qu'il existe, car mon esprit perturbé ne saurait demeurer longtemps en ce monde après avoir contemplé un spectacle que nul homme ne devrait connaître. Au moins me réconforté-je en pensant avoir donné la paix à mon ami Ken Lester West, jeune homme trop influençable qui succomba à la présence néfaste du souvenir de son aïeul et aux forces malignes et mystérieuses que de ce dernier avait tenté de manipuler.

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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 00:50
Je tins parole dès le lendemain et constatai à ma grande surprise que sa chambre était vide, ainsi que la salle de jeux où il entreposait ses consoles de jeux.
Ken n'était pas non plus dans le garage occupé à nettoyer l'une de ses trois voitures. La bonne ne sut pas me renseigner et ses parents étaient, comme toujours, absents.
Je me pris à penser qu'il était peut-être sorti dehors avant de me mettre à rire devant pareille absurdité. Qu'est-ce que Ken serait bien allé faire dehors, lui qui n'avait d'autres amis que moi et ses contacts provenant des divers sites sociaux auxquels il s'était inscrit (et qu'il ne voyait bien évidemment jamais dans la vraie vie)?

Je décidai alors de profiter de cette curieuse absence pour visiter sa chambre, qui m'apprendrait peut-être où se cachait le jeune West.
Je fut immédiatement attiré par le journal de la servante qui reposait bien en évidence à côté de l'ordinateur. Je remarquais toutefois que les feuilles volantes -les extraits de l'Arabe Fou et les notes de West l'Aïeul- avaient disparu.

Repensant à la scène de la veille, je ne pus m'empêcher de craindre qu'une tragédie ne se fût produite, animé d'un pressentiment que je ne parvins pas à m'expliquer.
Feuilletant rapidement le journal, je m'intéressais essentiellement à sa fin:


"21 septembre 1918 :

Maître West a totalement changé. Son aspect est terrifiant et à peine humain : son teint est devenu terriblement jaunâtre, sa capillosité a poussé et il semble ne plus s'intéresser à ses vêtements. Il se contente généralement d'une redingote en lambeau d'un rouge vif. Je crains que son diabète n'ait irrémédiablement affecté sa santé physique et mentale. Il est pris de crise de délire dans lesquelles il parle de poney et de princesse, sans garder souvenir de ses paroles une fois son calme revenu. De plus,il ne vit presque plus à la maison, passant le plus clair de son temps dans sa petite propriété secondaire. Pire, la population murmure qu'il vit désormais avec un Indien dans cette demeure car plusieurs témoins fiables ont juré avoir vu un des ces emplumés à travers les fenêtres de l'étage.


24 décembre 1918:

ça y est, un drame s'est produit. La foule, excédée de voir ses provisions de sucre disparaître mystérieusement, vivant dans la crainte des sourdes et horribles mélopées montant de la propriété de mon maître, a été prise de l'un de ces coups de sang qui lui sont familiers : mon pauvre maître a péri dans l'incendie volontaire de sa propriété. Une enquête a été ouverte mais personne ne semble savoir si les flammes ont été déclenchées par un citadin échauffé ou par M. West lui-même.

J'ai décidé de quitter les miasmes morbides et les souvenirs nauséabonds qui se rattachent à cette région. J'ai lu dans un journal une annonce pour un poste de soubrette au Japon. Je crois que je vais accepter, cela me permettrait peut-être d'oublier toutes les atrocités qui se sont passés ici."


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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 14:05

Mais non, disais-je avant de m'auto-interrompre pour de basses raisons de rationnement des articles et de compassion envers l'esprit du perspicace lecteur fatigué par tant de petits caractères successifs.

 

Mais non donc.


Ce serait trop présumer du scénariste moyen de ce début de XXIème siècle dégénéré.


Dans 90% des cas (et encore, je suis sans doute en dessous de la réalité mais j'aime à croire que je suis un grand optimiste -ma foi en l'espèce humaine me perdra-), le terrible secret se résume à ça : Jésus était une femme! (ou un extraterrestre ou son père [euh...] ou son frère ou a été papa ou s'est marié etc. etc.).

Evidemment, ce secret est farouchement défendu par les rares personnes et institutions qui le connaissent et le protègent: l'Eglise catholique ou quelques sectes perverses équivalentes: Templiers, Francs-maçons, Jésuites ou Cabbale juive, bien que cette dernière soit assez peu en vogue depuis la politique passablement controversée mise en place par le gouvernement allemand dans les années 1930/1940.  Du coup, on a pu observer que la mode s'est nettement déplacée vers les premiers, dont les derniers et plus vigoureux représentants se sont éteints -si je puis dire- sur le royal bûcher en 1314,  et sont par conséquent moins susceptibles que les organisations juives de traîner le scénariste sans scrupules devant les tribunaux.
Ces avantages judiciaires ne sont sans doute pas sous-estimés par les maisons d'éditions : j'en veux pour preuve qu'à part les templiers, ce sont les Francs-maçons qui sont souvent choisis. Or la Franc-maçonnerie ne peut pas, par définition, provoquer un procès puisque cela la forcerait à se montrer au grand jour. Et quoi de plus absurde qu'une société secrète qui se montre au grand jour, je vous le demande?




Comme on aurait pu s'en douter devant pareil cas de médiocrité littéraire en ces temps d'essor fulgurant de collections telles que "Soleil : celtique" ou « Soleil : secret du vatican », le principe de la surenchère est de mise dans de pareille BD.

Vous apprenez que Jésus était une femme. Bon. Vous vous dîtes que c'est déjà pas mal.

Mais c'est oublier que les lois narratives de commerciaux incapables de distinguer un Nabokov d'un collection Harlequin stipulent avec l'esprit admirablement étriqué d'un scout pré-Vatican II qu'il faut aller toujours plus loin.

C'est pourquoi vous apprendrez au second tome que Jésus, fils-fille de Marie était également sa soeur.


De plus, afin d'ajouter du piment, il y a plusieurs organisations secrètes qui se déchirent pour la possession ou la sauvegarde du secret.

Ainsi, « ils » sont partout. Et essaient de faire taire le héros, tandis que « eux » suivent le même héros pour profiter de ses découvertes.

Les protagonistes de base sont donc:

- le héros.

- «Ils» (une organisation secrète -les méchants-).

- «Eux» (opposés à «Ils», ils peuvent aider le héros mais ne sont pas totalement gentils non plus [ça reste une organisation secrète après tout]).



De manière générale d'ailleurs le scénariste ne recule devant aucune accumulation pour faire de son complot ésotérique le plus complotiste et le plus ésotérique des complots ésotériques.

Prenons le Triangle Secret (qui, soyons honnête, a la vertu d'être relativement ancien et donc plus original que les pseudo-bds du même acabit qui envahissent actuellement nos librairies).

Déjà, dès les quinze première pages du premier tome, on peut voir :

-des apôtres chrétiens rassemblés en assemblée secrète.
-un ami mort du héros léguant post-mortem des paroles mystérieuses sur une découverte sensationnelle qu'il était sur le point de faire. Bien entendu, il conjure son ami l'historien blond viril (d'ailleurs il fronce les sourcils et fume une cigarette, preuve incontestable d'un caractère décidé et une intelligence éveillée) d'oublier toute cette histoire passionnante et cette imminente découverte d'une importance inégalée par des allusions suffisamment diffuses pour titiller la curiosité du héros et du lecteur sans révéler de réelles raisons d'avoir peur.
-des Francs-maçons.
-des templiers.
-un livre secret.
-les manuscrits de la Mer Morte (qui n'ont a priori rien de bien mystérieux et concernent une secte juive; mais l'importance de la découverte, qui fut médiatisée en conséquence et dont on fêta les 50 ans en 1997, permit de les inclure dans les "sujets propres à faire fantasmer la plèbe abrutie de sujet new-age").
-Et même, même, une discrète et innocente allusion aux jeux de rôle. Aucun rapport avec l'intrigue, le scénariste s'est juste amusée à glisser "jeu de rôle" dans l'un de ses dialogue, sans doute dans le but conscient de créer des messages subtilement subliminaux renforçant l'impression d'étouffement empreinte de paranoïa jouissive (car le lecteur devient un initié, il sait lui aussi, désormais) se dégageant de l'ensemble de l'oeuvre(puisque les rôlistes sont associés de très près aux templiers, aux Francs-maçons et aux histoires ésotériques, c'est bien connu).


C'est déjà bien. Mais pas assez. Dans la seconde moitié du tome, on voit que le Vatican est impliqué et l'album se clôt sur la révélation que Jésus avait un frère et que c'est lui qui est mort en croix (Tadâm!!). Là, le lecteur perspicace dira que bon, ça y est, on le connait enfin ce fichu secret si terrible.

Le pauvre fou.

Le second tome se clôt sur la révélation que Jésus avait une femme et un gosse (Tadâm!! derechef).



En résumé : le templier brûle bien par temps sec et le complot ésotérique, c'est mal.


Si vous voulez lire une bonne histoire de complot ésotérique, prenez le Pendule de Foucault, d'Umberto Eco. C'est érudit, amusant, réaliste et Jésus est ni un Atlante ni un agent de la CIA. Bref, ça fait du bien.






Source : D.Convard, G.Chaillet, D.Falque, C.Gine, Paul, P.Wachs, Le Triangle Secret, Glénat, Grenoble, 2000.

Et tellement d'autres...

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